Et ça fait plaisir de voir Spike Lee en avoir un minimum à foutre de ce qu'il filme parce que damn, la version occidentale d'OLD BOY est-elle maxipourraxe.
Alors comme Lee le dit, c'est tiré d'une histoire vraie sauf pour les bouts qui sont faux, vous savez comment ça va. Mais oui, un policier noir a bien infiltré le Ku Klux Klan fin des années 70, jusqu'à téléphoner au grand mufti de l'organisation pour réclamer sa carte de membre qui n'arrivait pas.
C'est de la bonne. Déjà, c'est drôle et spirituel -- c'est pas toujours la même chose, mais ici, si -- et le casting est grand luxe. Hors les persos principaux, JD Washington et Adam Driver, qui déchirent leurs races si je peux me permettre, Topher Grace en David Duke est formidable à chaque apparition.
Mais y'a deux choses que j'aime bien avec ce film : le jeu avec la forme, et la polarisation au coeur du sujet, et comment l'un chatouille l'autre. Dans l'Atlanta des années 70, c'est difficile de parler du Klan sans leur opposer les activistes des Civil Rights. Et Spike Lee pense que cette comparaison c'est de la merde, que les mettre sur un pied d'égalité c'est au pire imbécile, au mieux de mauvaise foi. Il va pas expliquer pourquoi, parce que ça fait littéralement 50 ans qu'on le fait que personne n'écoute, mais il va le montrer.
Et il va le montrer en utilisant des bouts de réalisation révolutionnaire russe, de nouvelle vague française, bref : des techniques faites pour ne PAS être holliwoodiennes, ni impérialistes, ni hiérarchiques, exprès. Le montage qui, pendant le discours d'un activiste noir, ne représente plus les points de vue mais l'impact émotionnel sur des gros plan visages qui bougent à peine et qui s'enchaînent l'un l'autre, au lieu d'alterner avec des plans du speaker. Les sauts d'axe volontaires, les plans qui bégaient pour faire sentir le choc des personnages face à l'injustice. Les séquences montées comme un ressort pour démontrer pourquoi les personnages passent à l'acte au lieu d'expliquer comment ils le font. Avec un cadre cinoche pareil, il devient très, trrrès clair qui dans ce récit lutte pour sa survie, et qui lutte pour conserver une forme de pouvoir injuste et archaïque, et pour quelles raisons.
Et bizarrement, toutes ces techniques se fondent à merveille avec le style blaxploitation que Lee embrasse également, et l'on comprend comment un morceau de soul/disco peut être aussi révolutionnaire qu'un discours antiflics.
Bon c'est pas non plus un film d'art et d'essai chiant pour gros nerds de la pellicule non plus, je voudrais pas vous dégoûter. Si vous avez entendu "un policier noir infiltre le kukluxklan" et que vous imaginez un mélange bordélique entre LE SHÉRIF EST EN PRISON et BURN AFTER READING, tendu du slibard mais drôle et malin eh ben en fait vous avez raison. Enjoy.
Il existe un site décent où vous pouvez regarder des films gratuitement https://fullfilmstream.net/ Je l'aime et je l'utilise avec grand plaisir et je vous le conseille.
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