De Takeshi Miike. À ne pas confondre avec DEAD ALIVE de Peter Jackson, DOA DEAD OR ALIVE de Corey Yuen, THE DEAD de John Hutson, ALIVE de Frank Marshall ou CROSSED de Karim Debbache à qui j'ai dû ninja la blague.
Ca fait bien 20 ans que ce film existe, et depuis le début je sais qu'il existe, qui l'a fait et pourquoi c'est à voir. Bref, il était temps. C'était principalement succulent, avec des morceaux de urrrgh peu recommandables, bref : comme tous les Miike y'a à boire et à manger et vaut mieux prendre ce qu'on veut, mais tu vas pas voir arriver le dessert, promis.
À la base c'est un film noir bien noir, avec tous les lieux communs, des méchants parrains, des flics corrompus, des casseurs de bras, de la drogue et de la prostitution, des néons dans la nuit, toi et moi on est pas si différent et tout le toutim. Un truant à moitié chinois revient au pays retrouver son frère, la gamine d'un flic corrompu va mourir d'un cancer, y'a 20 millions de yens paumés pendant un casse, et tout le monde va courir après.
Et puis quelqu'un le confie à Takeshi Miike.
Du coup, si vous connaissez pas le Miike des années 90, pour que vous vous fassiez une image, c'est :
Sale. Un peu plus que la moyenne des films noirs japonais, qui a déjà un bon niveau par défaut. Je sais pas à quel point c'est racoleur ou dénonciateur, mais vu la structure et le genre c'était inévitable. Et malgré ça c'est Takeshi Miike, pas spécialement connu pour sa retenue, donc oui, pour montrer à quel point la pègre de la nuit du crime interlope des pas gentils et pas gentille, y'a des éléments niveau "une femme droguée de force et baignée dans ses excréments".
Bien foutu. Le prologue a l'air décousu, mais tout a sa place dans le métrage. Et il y a un rythme qui s'installe, un lancinant "des gens trouvent un peu d'insouciance et de repos" qui précède toujours "le monde leur rappelle qu'il est turborépugnant" suivi d'un prix à payer.
Thématiquement malin. Y'a une progression maligne dans le récit, où le premier acte présente le flic et le truand comme des victimes de leur environnement, mais plus le film progresse, plus cet environnement se révèle être la conséquence des actes que commettent tant le truand que le flic, jusqu'au final il n'y a plus que ça, des conséquences pourries de leurs actions dégueulasses.
Un peu feignant. Après, c'est paaaas techniquement parfait non plus. Y'a des moments qui virent à la facilité, des scènes choc qui durent trop pour leur bien, c'est un peu roublard, parfois foireux, et y'a toute une couche d'humour qui m'a l'air facile et qui me passe au dessus de la tête mais c'est pas ma culture, je peux pas juger.
Foutrement roublard. À côté de ça, et sans divulgâcher, y'a plein de moments où tu te dis "ah ouais, bien ouèj mon gars". Des trucs que tu pensais sans conséquence qui te reviennent dans la tronche, des moments humains qui te prennent exprès par surprise, un effet d'escalade assez bien dosé pour que tu le sente pas trop venir... C'est un film qui te joue des tours.
Et puis y'a le final.
C'est très chiant parce qu'à l'époque où il est sorti beaucoup de gens en on parlé, du coup ça fait vingt ans que j'étais spolié. Et on va pas se mentir : comme AUDITION, du même gaillard, c'est à la fois un retournement à 180° du ton du film, et assez thématiquement approprié au point d'être limite tenté de se dire : non, ça passe.
C'est même encore une fois à la fois feignant et malin. Feignant parce que ce final est exactement ce que le film fait tout le temps, faire progresser le récit de la fresque réaliste de personnages au noir le plus stylisé. Roublard parce qu'au lieu de faire monter la température d'un degré à la fois, comme il l'a fait durant le reste du film, Miike décide de monter le thermostat à III sur les dix dernières minutes.
Non je vous dirai pas ce qui se passe.
Contient : la plus longue ligne de coke que j'ai vue depuis un bail
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