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Sinon j'ai vu AVENGERS : C'EST FINI MAINTENANT FAUT RENTRER CHEZ SOI


Ou AVENGERS: ENDGAME dans la langue de Snoop Dogg et c'était le point culminant, clairement. De quoi je suis pas sûr, peut-être du capitalisme. Mais ça l'était.

Spoilers-free zone : si vous avez suivi la série des films Marvel et bien aimé, peu de chances que vous soyez déçus, mais attention c'est du lourd, et surtout, SURTOUT allez pisser avant.

J'arrête pas de dire qu'on a pas encore *vraiment* les outils critiques pour parler intelligemment d'une série de 22 films -- and counting -- qui se déroulent dans une même diégèse et ce, de façon ferme. Pas comme James Bond qui traite sa continuité avec un joyeux "OSEF LOL", non. Tout ce qui se passe dans les autres films s'est vraiment passé aussi dans les autres films, si vous voyez ce que je veux dire.

Du coup je vais même pas essayer d'être intelligent : ce texte sera aussi long et en apparence décousu que le film et ATTENTION À PARTIR DE MAINTENANT Y'A DU SPOIL.

Résumé de l'épisode précédent : le méchant a gagné, il a génocidé la moitié des gens et a pris sa retraite sur une planète bucolique -- voire même, disons-le, pastorale.

Début de cet épisode : il a eu un coup de génie néanmoins : il a cassé les dragon balls. Du coup les héros ne peuvent pas souhaiter le retour des gens morts.

Mais sur un coup de bol, l'Homme-Fourmi a peut-être découvert comment voyager dans le temps. Objectif : ninja les dragon balls du passé, qui sont cachées dans les autres films de la saga, et réparer toutes les choses.

Ca va pas se passer tout seul.

Si vous me demandez, l'intrigue de ce film est un bordel sans nom qui s'accroche à son fil rouge comme Ulysse à son mât face à la tempête et au chant des sirènes. Pour vous c'est peut-être cohérent, j'en ai aucune idée : c'est du voyage temporel. Comme je vois les choses c'est PAR DÉFINITION incohérent.

Et de toute façon c'est juste une excuse. Le premier AVENGERS était déjà une fête en soi : "les mecs, on a réussi à rendre Iron Man populaire et Captain America à moitié crédible, champagne et passons la dernière demi-heure du film à prendre la pose pendant que des trucs pètent." Le second ? "Je pense que le public est mûr pour un pure intrigue de comic-book avec les notes en bas de page qui te disent quel numéro lire pour tout comprendre". Le troisième se disait que Wagner c'était petit bras et décidait de faire l'équivalent cinématographique d'un double concept album de power-prog* et se promener à travers le cosmos.

Là, c'est le dernier avec le casting tel quel. Du coup, si faire un Avengers c'est célébrer le fait qu'on a été capables de faire les Avengers, cet Avengers-là est furieusement Avengers. Genre, le plus Avengers.

Parce que oui, le film est un bordel sans nom et si c'est le premier Marvel de ta vie, tout va te passer trente kilomètres au-dessus de ton occiput. MAIS a. ce film ne s'adresse pas aux gens qui n'ont pas vu un seul Marvel et b. de toutes façons, à part le gars qui vit dans les bois et filtre son eau potable et achète son papier toilettes sur le darkweb, qui mais QUI n'a jamais vu un Marvel ?

C'est un film pour les fans, qui colmate les trous dans son intrigue avec "oui, certes, mais regarde pas par là : fais plutôt attention à Gamora qui déchire". Ou à Professeur Hulk enfin à l'écran. Ou à Captain Marvel qui endosse enfin sa coupe de butch intersidérale. Ou à, par exemple, une séquence flashback où les héros revisitent les épisodes précédents de la saga, notamment le tout premier Avengers.

Pourquoi vous croyez qu'ils ont décidé de faire du voyage dans le temps. Parce que ça ferait une bonne intrigue ? Pfah. PARCE QUE CA PERMET DU FAN SERVICE DE FIFOU.

Mais comme je le dis souvent, le fanservice c'est pas sale, et quand c'est bien fait ça fait plaisir. Et là ça m'a fait plaisir. Et je veux dire, ils l'ont pas mérité, les gens sur le terrain ? Ces centaines de milliers d'artistes, d'écrivains, d'acteurs, de techniciens, d'acteurs et d'équipes de tournage qui ont littéralement construit la plus longue histoire cinématographique continue EVER sur l'espace de 10 ans ?

Dans un an -- UN AN seulement -- il y aura eu plus de Marvel que de James Bond.

Alors voilà, dans la plus pur tradition des films Avengers, ça se termine par je sais pas, une demi-heure ou quoi de "on se fait plaisir" et, puisque c'est le dernier, inutile de se retenir. Ca PÉ-TA-RADE. Tout le monde est là. TOUT LE MONDE. MêmeMême Howard le Canard. Et ça MARAVE. Et non seulement c'est littéralement le match de catch le plus cher de l'histoire de l'humanité, mais en plus ils se sont permis d'installer un MINIMUM des enjeux personnels AVANT la bagarre, ce qui fait qu'on s'inquiète pour les gens qui font la bagarre. C'est pas du Bergman, mais dans un monde où Snyder pense qu'il suffit de gueuler MARTAHAARRGL pour mettre de l'émotion dans un truc, et des gens le croient, moi quand je vois un truc bien fait, ben je le dis.

Et donc voilà, pour moi c'est fini. J'ai tout vu, depuis le début, la plupart au cinéma. Je regarderai encore avec curiosité mais y'a un cap de franchi, j'ai eu ma catharsis wagnérienne de gros nerd. J'ai été fasciné par l'ampleur de l'effort, j'ai voulu voir où tout ça allait, et ça allait vers ça : prendre la double page la plus épique de l'histoire de Marvel, littéralement tous les héros à votre gauche contre la plus grosse armée de méchants à votre droite, coup de sifflet, pinage. Zéro surprise, c'est comme ça que se termine tous les films de super-héros. 

Mais quand c'est une des plus mémorables bagarres pour nerds, qui atteint un niveau de nainwaque absolu et incompréhensible sans les références, un film qui n'existe que parce qu'existent d'autres films, à quel point me demandes-tu, hé bien au niveau "Spider-Man juché sur un pégase transporte un gant magique vers un van qui permet de voyager dans le temps", voilà à quel point et c'est juste UN exemple de vingt-mille moments tellement plus geeks que toi bref : tu crois que je vais me plaindre ?

Ben non.

Moi j'ai bien aimé.

Et c'est presque thématiquement cohérent. Y'a moyen de dire "tout ça raconte un truc". Des personnages font leurs adieux de façon appropriée, leur histoire personnelle conclue, et sans trop chier à côté. Et  je vais quand même pas reprocher l'artificialité d'une histoire de gens en collants qui lancent des lasers par des yeux sortie uniquement parce qu'on se souvient vaguement d'avoir lu ces aventures quand on était gamins, mais oui, ces moments de fanservice sont mérités. En tout cas suffisamment, car cohérents avec les personnages tels qu'ils sont, des personnages qu'on a pris le temps de nous vendre humainement, au moins un minimum. Je pense que les gens derrière ont bien compris pourquoi on venait voir ces films, et on fait de leur mieux, et leur mieux est vraiment, vraiment pas mal.

Bref, voilà, ce film est la raison pour laquelle on a tous donné tout l'argent à Disney, et c'est avec cet argent que Disney va financer sa campagne de conquête du monde et dans 10 ans on vivra tous dans Disneyland-[nom de ton pays], les barbes seront interdites et on devra porter des costumes officiels pour aller travailler, moi si je peux choisir j'aimerais bien pouvoir m'habiller en Hans de Frozen parce que j'aime bien les double rangées de boutons, bref : quand nous vivrons sous la dictature de la Grande Souris nous nous rappellerons que c'aura été le prix à payer pour obtenir AVENGERS: ENDGAME, la culmination du Gesamtkunstwerk wagnérien et du fanservice le plus flagrant. Le Götterdämmerung du blockbuster tel qu'on le connaissait. Le funkelndergetränkespender de la caractérisation en série.

Et franchement j'ai pas envie d'être à la place des mecs qui vont devoir écrire la suite, mais si Paul Rudd choppe pas genre, dix-quinze oscars d'ici un an ou deux c'est que les academy awards sont plus truqués que les championnats de la FIFA.

*le power prog c'est quand ton oncle qui fait du violoncelle fait aussi de la musique pour des matches de catch professionnel.

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