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Sinon j'ai vu SORRY TO BOTHER YOU

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Et : oui ? Il a fallu que ça percole mais je l'aime beaucoup, cette histoire fumée de télémarketteur afro-américain qui grimpe les échelons parce qu'il parle blanc au téléphone. Faut avoir connu les goulags libéraux que sont les call centers de vente et l'effet qu'y travailler peut avoir sur la santé du cigare, peut-être, mais ça fait vraiment le film. Parce qu'il part en sucette très loin, ce film, mais toujours d'une façon qui reflète plus la réalité que n'importe quel documentaire ? Est-ce ceci que vous humains appelez "le réalisme magique" ?

C'est salutaire parce que ces derniers temps, les caricatures ont la vie courte, je sais pas si vous avez remarqué. Il faut moins de deux mois de nos jours pour qu'un titre du Gorafi se retrouve sur les couvertures de vrais journaux.

Eh ben SORRY TO BOTHER YOU est sorti début 2018 et il tient toujours debout. Il est toujours un PETIT PEU plus absurde que la vraie vie. De peu, hein, mais toujours. Le pouvoir corrupteur du fric et des ambitions est un PEU plus caricatural qu'en vrai. Le discours très "prosperity gospel", "si tu gagnes de la thune c'est que tu mérites" est toujours un BRIN plus outrancier que ce que Macron vous sert à la téloche. Cette histoire de boîte qui vous permet de céder volontairement vos droits civils contre un abri, deux repas chaud et une vie de servitude non-qualifiée et c'est vu comme un service qu'on vous rend, c'est ENCORE de la science-fiction. Et le pendant fictif du boss d'Amazon joué par un Armie Hammer habité par une intensité de toute beauté me rappelle qu'heureusement, Jeff Bezo est moche, sinon il serait instoppable.

 Alors voilà, c'est une fable sur le pouvoir, les hiérarchies, les privilèges, la lutte sociale et l'ambition. C'est une success story à l'envers dont le héros est l'antithèse de Pierre Richard mais dont l'ambiance est pas si éloignée que les trucs comme LE JOUET ou JE NE SAIS RIEN MAIS JE DIRAIS TOUT.

C'est un peu casse-gueule comme film, y'a pas mal d'audace et d'impertinence -- certains diraient de la chutzpah -- pour compenser les choix dont les auteurs sont pas trop sûrs, on dirait, mais si vous me demandez ça fonctionne beaucoup plus souvent que pas. Et y'a même un passage qui me fait dit que ouais, même les auteurs se rendent compte que la démarche de décrire l'absurdité d'un monde libéral dans un produit vendu sur un marché c'est un peu gland-gland, mais qu'est-ce que tu veux faire si tu veux bouffer et te regarder dans la glace un minimum après. Et rien que d'en parler me donne envie de le revoir, ça doit vouloir dire quelque chose.

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