
C'était vraiment du Gilliam. Du très Gilliam. Le plus Gilliam.
Un peu comme William Gibson, inventeur du cyberpunk, n'a plus besoin du futur pour écrire du cyberpunk, Gilliam n'a plus besoin d'univers branques pour écrire du picaresque. Il suffit de prendre notre monde à nous et des gens bardés de pognon, méchants comme pas deux et cons comme des billes pour que ça devienne très vite n'importe quoi. Et bien sûr, puisqu'il ne fait que ça de sa vie, Gilliam parle du rapport aux histoires -- des carabistouilles auxquelles on croit tous pour tenir debout.
Mais là, Gilliam rappelle que les histoires ça coûte du fric, et ce que le fric fait aux histoires, à toutes les histoires. Pire: quand tu n'as pas de fric, une histoire ça peut coûter autre chose.
Et c'est très sale, mais assez fin ? Pas dans le sens où les effets sont subtils, c'est du Gilliam, comptez pas dessus, mais dans le sens où ce que ça montre comme rapports humains et conséquences psychologiques c'est pas si simple. Comme le fait qu'à chaque fois qu'un perso, le moindre perso, porte un jugement ou lance une accusation sur un autre, ça lui retombe dans la tronche mais bien, mais que le film est quand même rempli à ras-gueule d'une belle tartinée de connardasses.
Connardasses joués par un casting cinq étoiles de ouf qui sont tous très contents de jouer pour Gilliam. Pryce est incroyable, Driver me rappelle de temps en temps pour qui le rôle était écrit mais est a pisser de rire dès qu'il essaie de se faire tout petit du haut de son mètre quatre-vingt neuf et le tout a beau être bardé d'acteurs anglo-saxons il est furieusement européen. C'est aussi un peu Gilliam qui revient sur tous ses films et leur donne une note j'ai l'impression. Entre le concert hommage mendley et la rétrospective cinéclub. Mais à son âge je pardonne.
À côté de ça j'ai pas zéro reproche : comme tous les films de Gilliam je trouve, l'atterrissage est très "une albatros se casse la gueule mais salue avec panache" et y'a bien deux-trois bonnes femmes qui ne sont pas des objets de désir mais je suis pas certain qu'elles aient des noms au générique. Maintenant c'est /aussi/ des écureui- des ÉCUEILS des romans de chevalerie du coup erf ?
Et alors Terry, mon Terry, si tu continues faut vraiment arrêter les zooms optiques sur du numérique.
Bref tu aimes Gilliam tu aimeras DON QUICHOTE je pense. Après 25 ans de calvaire ça serait la moindre des choses, je trouve. Pis si tu croises Gilliam fais-lui un câlin parce qu'il a quand même l'air d'avoir du mal.
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