(quelques spoilers légers).
Alors oui c'est contemplatif et, disons, délibéré dans son rythme ce qui, d'un certain point de vue, peut se dire "nombriliste et chiant".
Mais j'y ai trouvé beaucoup de bonnes choses à manger. Notamment ce petit côté assumé de suite à une oeuvre culte qui devient méta, comme disent les jeunes. Je veux dire, c'est littéralement l'histoire d'institutions angoissées à l'idée qu'une histoire culte d'il y a vingt ans leur pète à la tronche, et le héros est littéralement hanté et motivé par une autre histoire qui lui tourne en tête, à tel point qu'il la confond avec ses propres souvenirs. Entre ça et plein d'autres trucs on ne me fera pas croire que c'est un hasard.
Bon ça fait un peu froid et clinique, dit comme ça, mais il m'a fallu une bonne demi-heure avant de ressentir quelque chose pour K, aussi. Mais une fois que c'était là, c'était bien là.
À côté de ça, ce que je retiens surtout, c'est une putain de vision du futur qui latte pas mal de mes angoisses personnelles là où ça fait mal, comme la marchandisation de la société humaine entière et l'écolocalypse totale qui marchent main dans la main. "Oui, on a foutu notre écosystème en l'air pour du fric mais tkt, on va aussi se faire du fric en le remplaçant par autre chose." Ou, comme disait Kurt Vonnegut, "on aurait pu sauver le monde si on était pas aussi radins." Oh, et le data blackout, aussi, auquel il serait temps de penser aussi un peu je trouve.
Et tout ça est plutôt pas mal mis en scène, ça reste bien perso, bien au niveau du sol, malgré les longs plans aériens : la culture des larves vue par un fermier, le data black out vu par un type qui a perdu ses photos de famille, etc. Et visuellement, on va pas se mentir, ça claque. Et dans ses décors, et dans la représentation de cette technologie hybride, entre hi-tech digital et vieilles machines d'hôpital.
Sinon à quel moment Dave Bautista est devenu oscarisable. Parce qu'avec la putain de performance qu'il m'a envoyé à la tronche dans le prologue, Dave Bautista est totalement oscarisable. Ca m'a rappelé à quel point Spectre m'a agacé, tiens, et je le hais d'autant plus, cet épisode d'Arabesque qui se fait passer pour un Bond.
Hum.
Bon alors c'est pas parfait. Jared Leto, déjà. Pourquoi on le met dans des films, ça reste un mystère. J'ai entendu dire que le rôle de Wallace avait été prévu à l'origine pour Bowie et ça fait encore plus mal. Même en gros cliché motivateur ce type est fade et convenu. Et si au moins il se faisait défoncer la tronche. Et c'est moi où les femmes en prennent plein la mouille, dans ce film ? Pas tant dans l'intrigue, hein, mais dans la représentation de la violence à l'écran. Genre les hommes meurt bien proprement, une balle et hop (sauf K qui s'en mange plein la tronche), mais les femmes, elles souffrent, et pas un peu. Je sais pas si c'est voulu ou thématique ou quoi, mais j'ai trouvé ça un peu malaisant. Aussi et c'est fatal, j'ai l'impression que le film a un drôle de rapport avec le fan-service. Mais au moins il en parle.
Mais Ryan Gosling mon amour. La version 2.0 du Voigt-Kampf, d'une violence inouïe, a bien pris sa place dans ma tête en seulement deux itérations. Tip top.
Oh, et surgie de nulle part, Mackenzie Davis.
Je sais pas si "c'est mieux" que l'autre et limite je m'en fous, en fait. Villeneuve m'a offert deux solides films de SF bien contemporains coup sur coup, je dis merci Denis. C'est sûrement le type qui pourra le moins foirer Dune.
Eh ben, ça fait longtemps que j'avais plus écrit autant de mots sur un film.
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